Agrégateur de contenus

Webmag-abaissement Vieux Rhin

Environnement

Abaisser le niveau du Vieux Rhin sans menacer la biodiversité

Environnement

Publié le 15/02/2024 - Modifié le 15/02/2024

Abaisser le niveau du Vieux Rhin sans menacer la biodiversité

Fil d'Ariane

L’eau a été abaissée de deux mètres pour permettre la maintenance du barrage agricole de Kehl-Strasbourg. Les équipes de la Ville étaient à pied d’œuvre pour préserver les milieux humides de l’île du Rohrshollen.

Voilà un plan qui s’est déroulé sans accroc. Sur l’île du Rohrshollen, David Eschbach vient constater, ce 9 février, l’effet de l’abaissement du Vieux Rhin sur la réserve naturelle. "Tout s’est bien passé, on a réussi à éviter que l’ensemble se vide", observe le chef de projet fonctionnalité alluviale. Le niveau du Vieux Rhin, la partie non canalisée du fleuve qui borde la réserve, a été abaissé progressivement, du 1er au 9 février, pour permettre aux services allemands d’entretenir le barrage agricole de Kehl-Strasbourg. 
Côté français, les équipes des réserves étaient sur le pont pour s’assurer que la biodiversité de l’île ne pâtirait pas de l’abaissement de deux mètres du niveau de l’eau. Il s’agissait à la fois de surveiller la santé de la population piscicole au sein du Bauerngrundwasser, la rivière qui traverse la réserve, ainsi que le réseau des mares abritant de nombreuses espèces. 

Retenir l’eau

"Abaisser le niveau du Vieux Rhin siphonne tout le réseau hydrographique de l’île", précise David Eschbach. Pour éviter cela, des modifications ont été apportées à l’ouvrage de restitution situé au débouché du Bauerngrundwasser dans le Vieux Rhin. Des batardeaux ont été posés pour limiter l’écoulement du petit cours d’eau, et de l’eau a été prélevée en amont, en accord avec Voies navigables de France, puis réinjectée dans le réseau de l’île. Les gardiens des réserves ont mené une surveillance étroite. Ils ont effectué des relevés du niveau d’eau trois fois par jour et se sont également assuré du respect de l’arrêté d’interdiction temporaire de la pêche qui court jusqu’au 18 février. 
Cette manœuvre avait valeur de test pour s’assurer que la biodiversité pourrait résister à un abaissement plus long en cas de travaux à effectuer sur le barrage. "Nous avions la possibilité d’arrêter l’exercice en cas d’impact trop fort, mais nous n’avons rien constaté d’alarmant ", explique Frédéric Rolling, technicien spécialisé en restauration écologique. 

Coopération franco-allemande

L’exercice a donné lieu à une coopération inédite entre la France et l’Allemagne. Pour la première fois, un groupe de travail franco-allemand a été mis en place pour anticiper et coordonner l’abaissement du niveau d’eau. Piloté par les services de l’État français, le groupe a réuni tous les acteurs impliqués de part et d’autre de la frontière. Cette étroite collaboration a notamment permis le sauvetage des moules d’eau douce qui se sont trouvées hors de l’eau. Des membres d’un bureau d’études allemand ont formé les équipes françaises à la reconnaissance de trois espèces de moules menacées par l’abaissement du Rhin. 
Pendant une semaine des agentes et agents strasbourgeois se sont mobilisés pour remettre à l’eau ces mollusques dont la présence est indispensable dans nos rivières. "Les moules filtrent plusieurs litres d’eau par jour et retiennent les polluants, explique le biologiste allemand Michael Pfeiffer. Elles sont menacées par la dégradation des milieux mais leur présence est essentielle."

Anne Dory
Photos : Jérôme Dorkel
 

Territoire

Recherche d'asset dynamique