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Environnement
Publié le 02/01/2025 - Modifié le 02/01/2025
Des réserves au naturel
Fil d'Ariane
Les forêts strasbourgeoises classées sont gérées en libre évolution : l’intervention humaine s’y limite aux indispensables travaux de sécurisation aux abords des chemins et habitations.
Alors qu’un vent glacial se charge d’arracher les dernières feuilles des arbres et arbustes, la profondeur de la forêt et le sous-bois se révèlent à la Robertsau, et avec eux les bois morts jonchant le sol. "Si j’ai bien compris, l'objectif est de revenir à la nature", rapporte Ian, retraité et voisin de cette forêt qui accueille chaque jour ses deux heures de marche quotidienne. Depuis leur classement en réserves naturelles, la gestion des forêts de Neuhof/Illkirch, du Rohrschollen et de la Robertsau a, en effet, changé au profit de la libre évolution. C'en est terminé de l’exploitation de ces bois où l’intervention humaine se cantonne désormais au strict nécessaire. Ici, de leur semis naturel jusqu’à leur effondrement, les arbres naissent, vivent et meurent. Le cycle de la forêt compte plusieurs étapes. "Dans une exploitation, l’arbre est coupé à la phase de maturation, alors que le vieillissement, la sénescence et l’effondrement sont des phases très intéressantes sur le plan écologique", assure Jérémie Bozonnet, responsable gestion et exploitation des milieux naturels.
L'arbre hôtel-restaurant
Lorsqu’un arbre prend de l’âge, des cavités se forment et l’écorce se décolle, offrant gîte et couvert à différentes espèces (pics, chouettes, chauve-souris…). L’arbre devient aussi un socle pour d’autres plantes, des mousses et des lichens. Une fois mort, le bois devient "un support de biodiversité énorme pour les insectes et les micro-organismes, et il nourrit le sol en humus", ajoute Jérémie Bozonnet, en désignant des arbres tombés et déjà couverts de mousse. "Il n’y a rien de plus vivant que des bois morts", résume Marc Hoffsess adjoint à la maire chargé de la transformation écologique du territoire, rappelant aussi leur capacité à conserver l’humidité dans les sols et ainsi prévenir les incendies.
Diagnostiquer et sécuriser
L’équipe des réserves laisse donc le cycle naturel suivre son cours, à l’exception d’une bande de trente mètres autour des chemins et à proximité des habitations ou lignes électriques. "La sécurisation constitue 98% de notre gestion forestière", ajoute Jérémie Bozonnet. Après un diagnostic le long des 80 km de chemins qui traversent les réserves, les travaux de sécurisation sont menés en période hivernale pour limiter au maximum l’impact sur la faune. Ils consistent avant tout en la coupe des branches mortes et, parfois, en l’abattage d’arbres. Comme ce frêne malade au pied duquel l’équipe de sécurisation se concerte. "On prend le temps de la réflexion sur des sujets comme celui-ci ", explique Eric Majesté, chef d’équipe en charge de la réalisation des travaux et du suivi, en désignant l’arbre atteint de la chalarose. Ce champignon affaiblit le système racinaire et fait des ravages parmi la population des frênes. Trop affaibli, l’arbre sera abattu pour éviter qu’il ne tombe sur le chemin voisin mais continuera à rendre un précieux service à son environnement en s’y décomposant.
Anne Dory
Photos Philippe Stirnweiss
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