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La ville de Strasbourg condamne l'établissement d'une "liste rouge" de personnes sans-abri à ne plus héberger, et rappelle que le droit à un logement est universel

La ville de Strasbourg condamne l'établissement d'une "liste rouge" de personnes sans-abri à ne plus héberger, et rappelle que le droit à un logement est universel

Motion au Conseil municipal du lundi 17 mars 2025

Le Conseil Municipal de Strasbourg exprime sa profonde indignation face aux pratiques actuelles de l’État en matière d’accueil et d’hébergement des personnes sans-abri.
Les dispositifs d'exclusion d'une prise en charge sociale, mis en place par la Préfecture du Bas-Rhin et par la Direction départementale de l'emploi, du travail et des solidarités (DDETS) s’inscrivent dans une logique de contrôle et de sanction des personnes sans abri, en totale contradiction avec les principes fondamentaux du travail social : accompagnement des publics en vulnérabilité sociale et psychologique, défense des droits humains et principe d'égalité de traitement. 
L’instauration d’une "liste rouge" pour identifier et exclure ces personnes des dispositifs d’hébergement d’urgence est une mesure brutale, inhumaine et indigne d'un État de droit. En excluant  ces personnes à l’accès aux structures d'hébergement, l'État renforce la précarité, l’isolement et expose davantage encore les personnes concernées à des dangers quotidiens en les maintenant dans la survie et dans la rue.
Protéger les plus fragiles et garantir l’accès inconditionnel à un hébergement d’urgence sont des impératifs à la fois légaux, humains et universels. En adoptant une approche punitive au lieu d’un accompagnement adapté, l’État discrimine et maintien des personnes dans la détresse sociale.  
Des associations et des collectivités locales alertent depuis longtemps sur le manque criant de places d’hébergement d’urgence. L’ensemble des acteurs rappelle qu'une approche fondée sur l’écoute et l’accompagnement serait bien plus efficace pour permettre à ces personnes de se reconstruire. Les moyens alloués par l’État restent largement insuffisants et les structures existantes sont débordées.
Les refus de mise à l'abri quotidienne de familles, des personnes isolées et des jeunes en errance faute de places disponibles, les condamnent à passer la nuit dehors, des jours, des semaines voire des mois.
Quand l’État se soumet enfin à ses obligations d'hébergement inconditionnel en demandant une réquisition, il procède de manière tout aussi brutale,  sans mobiliser des logements vacants mais des gymnases sans équipements adaptés pour des familles, pour faire de l'hébergement  sommaire, privant les habitant.es de leurs équipements sportifs. 
Au-delà du manque de place, l’accompagnement social et médical, notamment relatif aux questions de santé mentale et d’addiction, est défaillant en raison du manque de moyens des  secteurs médico-psychologique et social, situation aggravée par une gestion purement administrative de l'hébergement des personnes. 
La Ville de Strasbourg rappelle que l’hébergement d’urgence ne revêt pas que la dimension d'assurer un  toit pour la nuit,  il s'agit de la première étape vers la réinsertion et la dignité.
Face à cette politique punitive, le Conseil Municipal de Strasbourg exige de l’État et de ses services :

  • L’arrêt immédiat des exclusions définitives du dispositif d’hébergement d’urgence et le respect du principe d’accueil inconditionnel ;
  • Un renforcement des moyens financiers et humains pour l’hébergement d’urgence, l’accompagnement social et médico-psychologique des personnes sans-abri ;
  • La réquisition des bâtiments vacants pour héberger les personnes et les familles afin de répondre à  son obligation d’accueil inconditionnel
  • Une politique publique digne et respectueuse des droits humains avec comme principes, justice et humanité pour chaque personne. 

 

Adopté le 17 mars 2025 par le Conseil municipal
Rendu exécutoire après transmission au contrôle de légalité préfectoral le 21 mars 2025 et publication sur le site Internet www.strasbourg.eu le 21 mars 2025

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