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Le musée Tomi-Ungerer prend les enfants au sérieux

Culture, Enfance, éducation, Lire Notre Monde, A hauteur des enfants

Le musée Tomi-Ungerer prend les enfants au sérieux

Culture, Enfance, éducation, Lire Notre Monde, A hauteur des enfants

Publié le 22/11/2024 - Modifié le 22/11/2024

Le musée Tomi-Ungerer prend les enfants au sérieux

Fil d'Ariane

Avec l’exposition Pas de livres pour enfants, Enfantillages chapitre 2, la littérature et l’illustration jeunesse sont mises à l’honneur pour ce qu’elles sont : des arts pointus, créatifs et émancipatoires.


Depuis le 21 novembre, c’est un ogre qui assure l’accueil au musée Tomi-Ungerer. Une rangée de dents énigmatiques et un ventre immense qui surmonte deux jambes trapues : Roberto a été dessiné par Serge Bloch sur un mur du patio d’entrée spécialement pour l’exposition Pas de livre pour enfants, Enfantillages chapitre 2. « Dans l’œuvre de Tomi Ungerer, ça dévore pas mal…, remarque malicieusement le dessinateur, par ailleurs parrain de Lire notre monde. Mais Roberto mange surtout des mots et des dessins. » Le public de tous les âges est en effet invité à compléter cette création à coups de crayons.

Imaginée comme la suite chronologique d’Enfantillages, L’Alsace et les prémices de l’illustration jeunesse (au palais Rohan), cette exposition propose à la fois une plongée dans la philosophie de Tomi Ungerer et une (re-) découverte d’artistes qui partagent sa vision émancipatoire des enfants et de la littérature qui leur est destinée. Le rez-de-chaussée progresse dans l’œuvre d’Ungerer de façon chronologique. « On peut voir comment il a évolué : les premiers albums sont des critiques sociales adressées aux adultes, puis il aborde plus frontalement des thèmes comme le racisme ou l’amitié, observe Anna Sailer, conservatrice du musée et commissaire de l’exposition. Mais son univers n’est jamais simpliste ou moraliste. »

Assumer l’ambiguïté

Le rez-de-jardin, dépouillé pour l’occasion de ses dessins pour adultes, explore des thématiques chères à Ungerer, et notamment celle des jeux et jouets. « On a inclus des plans et des photos d’une crèche à Karlsruhe, que Ungerer a imaginée en forme de gros chat. D’abord on s’amuse de voir l’architecture sortir de son côté sérieux et puis on est interpellé par le côté ambigu : on dépose quand même les enfants dans la gueule d’un matou… », sourit Anna Sailer. 

Au premier étage, place aux illustrateurs et illustratrices contemporains. Des planches de Beatrice Alemagna voisinent avec celles de Mathilde Chèvre, qui écrit en deux langues, français et arabe, des histoires tirées de la vie réelle. Les cimaises accueillent ensuite trois chevaliers qui pourchassent un dragon dessinés par Leo Timmers. « À chaque fois qu’ils pensent voir une forme de monstre, la réalité est plus intéressante et plus créative que leur imagination », remarque l’illustrateur belge. Un peu plus loin, les adultes sont transformés en ballons de baudruche que les enfants promènent. « Si les enfants ne les déplacent pas, ils ne peuvent pas bouger… c’est une façon de questionner le lien entre les générations », décrit Saehan Parc, l’autrice de Papa Ballon.

Cachettes

Les travaux de Matthias Picard, Kitty Crowther, Marie Mirgaine, Mathieu Sapin, Guillaume Chauchat, Blexbolex, Pauline Barzilaï, Lisa Blumen et Dominique Goblet complètent ce tour de piste. « Les techniques, la recherche, les références artistiques et culturelles… sont très abouties. L’illustration jeunesse n’est pas un art mineur, qu’on exerce en attendant mieux : c’est un domaine pointu et créatif, qui s’adresse à l’objet éminemment politique qu’est l’imaginaire des enfants, commente Anna Sailer. On peut s’adresser à eux sans les prendre pour des êtres incomplets, ni des adultes miniatures. »

C’est d’ailleurs dans cet esprit que l’artiste plasticienne Cécile Tonizzo a créé des dispositifs scénographiques textiles, qui permettent au jeune public de se cacher, de lire au calme ou de bavarder sous les vitrines. Des livres et des casques audio sont mis à disposition en différents points du parcours. L’exposition court jusqu’au 2 mars 2025.

Lisette Gries
Photos Jérôme Dorkel

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