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Le réaménagement des cours d’école favorise l’égalité

Égalité, Enfance, éducation

Le réaménagement des cours d’école favorise l’égalité

Égalité, Enfance, éducation

Publié le 24/10/2024 - Modifié le 24/10/2024

Le réaménagement des cours d’école favorise l’égalité

Fil d'Ariane

Exit le terrain de foot au centre. La déminéralisation des espaces a permis d’imaginer des modèles et des jeux mixtes et égalitaires dans les écoles.

Il en va de la cour d’école comme de l’espace public en général : les garçons occupent la place centrale, les filles se contentent des marges. Pour éviter que ces habitudes soient prises dès le plus jeune âge, et reproduites à l’âge adulte, et pour encourager un usage égalitaire de l’espace, la Ville de Strasbourg propose de nouveaux aménagements des cours à l’occasion de leur végétalisation, dans le cadre du projet des « cours oasis ». Ici, il n’est plus question de terrain de sport central mais de différents espaces favorisant la découverte de la nature et des installations ludiques mixtes. "Ces cours réaménagées peuvent accompagner l’évolution des relations entre filles et garçons avec plus de mixité et plus de jeux en commun", assure Elena Suzat, directrice des territoires et pilote du groupe genre et ville. 
Pour s’en assurer, la municipalité a déployé différents outils. D’abord, des observations ont été menées dans les cours d’école par des étudiants en sociologie ou directement par les équipes pédagogiques afin d’observer la circulation des filles et des garçons et la répartition de l’espace. Le constat est sans appel : dans les cours traditionnelles, avec un terrain de sport central, 80% de l’espace est occupé par les garçons. Ensuite, des marches exploratoires ont été réalisées avec les enfants. "Nous avons travaillé avec des groupes de garçons et des groupes de filles qui nous ont indiqué les lieux qu’ils et elles évitent et ceux où ils et elles aiment aller", précise Jean-Charles Guimard, chef du projet transformation des cours d’école. 

Objectiver les inégalités

Enfin, filles et garçons ont été équipés de gilets géolocalisés lors de récréations à l’école Paul Langevin, dont la cour a été végétalisée, et à l’école Camille Hirtz, avant la réalisation des aménagements. Firdaous, élève en CM1 à l’école Langevin, a bien compris l’enjeu de l’étude : "On porte ces gilets pour voir comment on circule, parce qu’en majorité les garçons prennent plus de place que les filles." L’expérimentation a permis d’établir des cartes objectivant les évolutions avant et après travaux. "Dans la cour végétalisée de l’école Langevin, on observe une bonne mixité, un mélange filles/garçons. Il n’y a plus de centralité mais une dispersion des filles et des garçons, à l’inverse de l’école Hirtz où le terrain de foot et les garçons occupent la majorité de l’espace", détaille Jean-Charles Guimard. 
Pour accompagner la reconfiguration de la cour, le personnel périscolaire de l’école Paul Langevin a été formé à la question des stéréotypes, et une sociologue du genre est intervenue auprès du personnel éducatif. Les élèves ont désormais un violentomètre à leur disposition leur permettant de repérer les comportements acceptables et ceux qui ne le sont pas. Une roue à jeux égalitaires a également fait son apparition. "On tourne la roue au début de la récréation et un jeu est tiré au sort, avec des règles égalitaires. Par exemple, si on joue au foot, il faut autant de filles que de garçons dans l’équipe, et les buts sont pris en compte uniquement si une fille participe à l’action", explique Jean-Charles Guimard.  Ces deux outils développés par l’association Themis ont vocation à être diffusés dans toutes les écoles municipales. 65% des établissements seront engagés dans le projet des cours oasis d’ici 2026.

Anne Dory
Photos Jérôme Dorkel

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