La cathédrale à mobilité réduite

Le 17 avril au matin, une opération spéciale avait lieu sur la plateforme de la cathédrale. Aidés de pompiers professionnels, des enfants à mobilité réduite ont pu découvrir les hauteurs de l'édifice.

Diyaa a des problèmes de souffle. Alors, c'est dans les bras d'un pompier qu'il entame l'ascension des 330 marches de la cathédrale. “Vois-tu cette statue à la tête de monstre ?, demande Emmanuel au petit garçon de 9 ans, lors d'une première halte. C'est une gargouille !” Le duo poursuit dans l'escalier en colimaçon, complice. 

“Je sais combien notre société est inadaptée aux personnes porteuses de handicap. Mettre un muscle sain au service d'un muscle malade me semblait nécessaire”, confie Emmanuel Jung. L'adjudant-chef du Service d'incendie et de secours de Strasbourg est venu avec 19 collègues afin d’aider 10 enfants suivis par l'association régionale “l'aide aux handicapés moteurs” (ARAHM) à pénétrer dans ce joyau architectural.

Au compte-gouttes, les jeunes visiteurs du jour atteignent la maison des gardiens, à 66 mètres d'altitude. Sorti de son fauteuil roulant, Houcine a réalisé l’ascension dans les bras de deux pompiers. Jennah, elle, arrive sur ses deux pieds à la grande surprise des participants. “Je suis trop contente, j'ai réussi à monter toute seule et je n'ai même pas eu le vertige”, s'exclame-t-elle, à peine essoufflée. Une grande victoire pour cette petite de 7 ans aux jambes fragiles. 

Un défi d'organisation

Là-haut, toute une série de jeux préparés par un autre partenaire de la journée, l'ASPTT Strasbourg, attend les enfants. L'occasion de percer quelques secrets de la cathédrale et d'admirer une vue qu'aucun ne soupçonnait jusqu'alors. Car c'est la première fois que la Fondation de l'Œuvre Notre-Dame déploie l'opération “Partageons la cathédrale” et interrompt les visites du public pour permettre à des personnes à mobilité réduite d'accéder à la plateforme. “C'était un vrai défi d'organiser cette matinée, cela fait 15 ans que nous y réfléchissons, rappelle Sonia Zilli, chargée de communication à la Fondation. Ce monument classé n'est pas conçu pour accueillir tous les publics et on ne peut pas l'aménager n'importe comment.” 

Grâce à l'élan de solidarité des partenaires du jour, ces enfants ont pu profiter du même loisir que tout le monde. “Quand ils retrouveront leurs copains de classe, ils seront fiers de dire qu'eux aussi sont montés en haut de la cathédrale”, assure Florence Dupuy, directrice des Services de soins et d'éducation spécialisée à domicile de l'ARAHM. La Fondation de l'Œuvre Notre-Dame espère réitérer ce dispositif au moins une fois par an.

Aline Fontaine
Photos Mathilde Cybulski