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Égalité, Solidarité, santé
Publié le 07/03/2024 - Modifié le 07/03/2024
Strasbourg, ville féministe
Fil d'Ariane
La municipalité est engagée au quotidien pour la santé des femmes et la prévention des violences sexistes et sexuelles.
"Parce que les femmes perdent du sang, elles sont trop souvent tenues à l’écart", regrette Christelle Wieder, adjointe aux droits des femmes et à l’égalité. Les premières règles éloignent les adolescentes de la pratique sportive, les douleurs associées peuvent porter préjudice aux apprentissages et, plus tard, à l’activité professionnelle, et les clichés autour des menstruations soumettent les femmes au mieux à des moqueries, au pire à des discriminations.
Dans un sondage Ifop de 2022, 65% des femmes déclarent avoir rencontré des difficultés liées à leurs règles au travail. Afin de prendre en considération cet enjeu de santé publique, un congé menstruel sera instauré dès cette année pour les agentes de la Ville et l'Eurométropole de Strasbourg.
"Nous voulons accompagner celles qui souffrent de règles douloureuses, mais la santé gynécologique des femmes ne se limite pas aux menstruations. Nous souhaitons aussi intégrer la réflexion sur la ménopause et ses symptômes, parfois difficiles à concilier avec une activité professionnelle." L’objectif est avant tout de permettre aux femmes de poursuivre leur activité en améliorant leur poste de travail et en facilitant le télétravail. Si ces aménagements ne suffisent pas, celles disposant d’un certificat médical pourront bénéficier d’un arrêt spécifique et d’un suivi par la médecine du travail. Une série de formations sur les règles sera proposée à l’ensemble du personnel pour accompagner la mise en place de ce dispositif.
Pérenniser l'ordonnance verte
En parallèle, la municipalité s’engage contre la précarité menstruelle. Près de 11 000 Strasbourgeoises en seraient victimes. Pour leur permettre de se procurer gratuitement des protections périodiques, 18 distributeurs ont été déployés dans différents endroits de la ville (toilettes publiques, médiathèques, piscine, gymnase, centres médico-sociaux, mairies de quartier…). Ce travail sur la santé passe également par l’accompagnement des femmes enceintes.
Pour prévenir l’exposition des futures mères et de leurs enfants aux perturbateurs endocriniens, l’ordonnance verte est pérennisée. "L’expérience menée en 2023 a été concluante et a permis à 800 Strasbourgeoises de recevoir chaque semaine des paniers de légumes bio et de suivre des ateliers sur les effets de ces perturbateurs", note Elisa Thil, ingénieure en santé environnementale.
En 2024, 1500 femmes enceintes, ou en parcours de procréation médicale assistée (PMA), pourront bénéficier du programme pour une durée établie en fonction de leur quotient familial.
Lutter contre les violences
Agir pour les femmes au quotidien, c’est aussi lutter contre les violences sexistes et sexuelles (VSS). D’après le Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, neuf femmes sur dix ont déjà subi une situation sexiste, une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son conjoint ou ex-conjoint et 90 000 femmes sont victimes de viol ou tentative de viol chaque année en France. Pour venir en aide aux femmes victimes de violences, la municipalité a créé 74 places d’hébergement, gérées par trois associations."Ces places répondent à un vrai besoin, on a constamment une liste de femmes qui attendent pour quitter leur domicile et fuir la violence", constate Thomas Foehrlé, directeur de Solidarité femmes 67. Les femmes, seules ou avec enfants, sont mises à l’abri dans des logements dont l’adresse est tenue secrète.
"Après leur arrivée, nous menons d’abord un travail de sécurisation physique et psychique. Elles ont besoin de reprendre des forces, de se soigner, aussi", témoigne Muriel Litvinenko, directrice générale du Home Protestant, qui propose des hébergements temporaires. Débute ensuite une phase d’accompagnement vers un logement plus pérenne et vers l’emploi. Dans le cadre de ce dispositif municipal, l’association Arsea Gala dispose de dix places pour accueillir des femmes sortant d’un parcours de prostitution, majoritairement arrivées en France par des réseaux de traite d’êtres humains. "Une fois qu’elles sont à l’abri, il n’y a pas de retour en arrière, rapporte Émilie Sour, cheffe de service au sein de l’association. Elles veulent tellement s’en sortir que leur ascension vers l’emploi et l’apprentissage de la langue est fulgurante." Pour accélérer la réflexion sur les violences, un colloque annuel est organisé par la Ville, conjointement avec les associations féministes. De manière inédite, il se transformera cette année en Assises européennes de lutte contre les violences sexistes et sexuelles et se tiendra les 29 et 30 novembre.
Anne Dory
Photos Laetitia Piccarreta et Thomas Toussaint
Cet article fait partie d'un dossier complet, publié dans Strasbourg Magazine numéro 341 mars-avril 2024.
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