Une nouvelle politique de stationnement en projet

Parce qu’il est nécessaire de repenser l’utilisation et le partage de l’espace public, la Ville souhaite déployer une nouvelle stratégie qui sera soumise au conseil municipal le 20 mars.

Pour la maire, Jeanne Barseghian, les chiffres sont sans appel. "Une voiture est immobilisée 96% du temps." Le plus souvent sur la voirie, et les habitants n’en peuvent plus. Rue de Châtenois, à Neudorf, où les élus ont fait une déambulation avant de présenter leur projet de plan d’action, mercredi 8 mars, le constat est évident : voitures sur le trottoir, impossibilité pour les poussettes de passer, accessibilité réduite, mise en danger des piétons et des cyclistes… "Impossible de laisser les choses en l’état", constate Pierre Ozenne, adjoint aux espaces publics partagés.

Enjeux de sécurité, d’équité, de végétalisation de l’espace public mais aussi écologiques et économiques sont au cœur de l’évolution souhaitée en matière de stationnement par la collectivité qui souhaite construire la ville à vivre. "Tout sera fait pour réduire la place de la voiture individuelle et la ranger au bon endroit au bon moment", a précisé la maire.

Pour cela, plusieurs axes, élaborés suite à l’enquête réalisée fin 2022 sur les usages du stationnement et les espaces publics, seront proposés en conseil municipal le lundi 20 mars. Les modes alternatifs sont en plein essor : plan vélo, plan piéton, Réseau express métropolitain européen (REME), nouvelles lignes de tram… Cela incite au changement de mode de déplacement. Mais ce sont les nouvelles tarifications qui pourraient sans doute peser le plus lourd dans les décisions.

"Ranger" les voitures en parking en ouvrage

Les visiteurs, tout d’abord, seraient incités à laisser leurs véhicules dans les parkings en ouvrage ou en P+R, le plus en amont possible du cœur de ville. Pour cela, les tarifs sur voirie seraient revus à la hausse (de 4 à 8 euros les 2h30 en zone orange par exemple) et le zonage (vert, orange et rouge) réadapté à la réalité du terrain. Les quartiers de la Gare, de la Krutenau, République et Tribunal, où les tarifs actuels incitent davantage à se garer en voirie qu’en ouvrage, passeraient ainsi en zone rouge. À la demande des riverains, une extension du stationnement, à Neudorf, au nord de l’Orangerie et îlot Sainte-Hélène, derrière l’église Saint-Paul, est également prévue mi-2024.

Pour les habitants, le tarif résident deviendrait progressif et serait soumis aux ressources du foyer. Il serait compris entre 15 et 40 euros par mois. Cependant, et "parce que 30% du temps d’utilisation d’un véhicule en ville est consacré à trouver une place de stationnement, la meilleure des solutions reste de ranger sa voiture en parking en ouvrage, complète encore Pierre Ozenne. La ville dispose en effet de 12.000 places, utilisées à hauteur de moins d’un tiers. Les tarifs des abonnements de parkings en ouvrage seraient proposés à 60 ou 90 euros par mois (contre 100 à 120 en moyenne actuellement) et leurs utilisateurs disposeraient, en plus, d’une heure quotidienne de stationnement sur voirie pour répondre aux besoins de desserte."

Enfin, la Ville entend créer des places de stationnement d’urgence et de courte durée. Elles seront violettes et interdites aux résidents, pour favoriser la rotation et contribuer à l’attractivité des commerces.

Si la délibération est adoptée, les nouveaux tarifs et zonages sur voirie seront effectifs à partir du 3 avril. Le tarif résident passera en tarification progressive le 1er octobre et la concertation pour la création des places violettes se tiendra dans l’intervalle.

Véronique Kolb

Photos Elyxandro Cegarra