L'adaptation au changement climatique

Fil d'Ariane

Face au changement climatique, l'adaptation est cruciale : développer des solutions résilientes pour s'ajuster aux impacts inévitables sur l'environnement et les sociétés.

Contexte réglementaire

L'atténuation des émissions de gaz à effet de serre et l'adaptation au changement climatique sont deux volets essentiels des politiques climatiques. 
Tandis que l’atténuation vise à réduire ou à limiter les émissions de gaz à effet de serre afin de freiner le réchauffement climatique (durabilité et sobriété dans les différents secteurs économiques, amélioration de l’efficacité énergétique, décarbonation des sources d’énergie), l’adaptation consiste en une démarche d’ajustement au climat actuel ou attendu, ainsi qu’à ses conséquences. Il s’agit donc en premier lieu de réduire ou d’éviter les effets préjudiciables de ces changements, mais également d’exploiter les éventuels effets bénéfiques de ces derniers.
La mise en œuvre coordonnée d’actions relatives à ces deux volets, à la fois complémentaires et interconnectés, est cruciale dans notre gestion du défi climatique.
En février 2021, la Commission européenne a adopté une nouvelle stratégie intitulée "Construire un avenir résilient face au changement climatique : une nouvelle stratégie de l’UE relative à l’adaptation au changement climatique". Cette stratégie met en avant l'émergence du concept d'adaptation juste, qui s'inspire du modèle de la transition juste, au niveau européen.
En France, la politique d'adaptation au changement climatique repose sur un Plan National d'Adaptation au Changement Climatique (PNACC2) (2018-2022). Dans le cadre d'une démarche globale, la Stratégie Française Énergie Climat (SFEC) est actuellement en cours d'élaboration. Cette stratégie regroupera la future Stratégie Nationale Bas Carbone SNBC 3, le PNACC 3, la Programmation Pluriannuelle de l'Énergie (PPE), ainsi que la loi sur la programmation énergie/climat. Une trajectoire de réchauffement de référence pour l’adaptation au changement climatique (TRACC) à +4°C en France métropolitaine a été proposée en 2023.

L'adaptation au changement climatique à l'Eurométropole de Strasbourg

Les effets du changement climatique s’accentuent, c’est pourquoi l’Eurométropole de Strasbourg a décidé de renforcer son plan climat avec un nouvel axe dédié à l’adaptation au changement climatique avec la volonté d’assurer une adaptation ‘juste’ sur le modèle d’une transition juste. La signature de la charte européenne sur l’adaptation au changement climatique en 2023, les échanges transfrontaliers d’expertise et l’intégration de l’instance régionale permet à la collectivité d’intensifier les réponses apportées.
La politique d’adaptation au changement climatique doit d’une part faire face aux aléas et d’autre part, intégrer les évolutions climatiques dans l’ensemble des politiques déployées.
Un focus est réalisé plus globalement sur la ressource en eau, sur le volet quantitatif et qualitatif. Les efforts pour préserver la qualité de la ressource, notamment en accompagnant les industriels de la zone sud du Port Autonome de Strasbourg et la profession agricole, permettent une production d’eau potable sans traitement de dépollution avec un impact énergétique/environnemental très réduit. Une saisine a par ailleurs été confiée au Conseil de Développement en 2023 sur la mobilisation du territoire pour la préservation de la ressource eau visant à atteindre l’objectif de 20 % de réduction des prélèvements en eau inscrit dans le Plan Climat 2019.
Concernant sa vulnérabilité, le territoire est concerné par les extrêmes de chaleur et des évènements pluvieux (14 communes impactées). Suite à une étude détaillée, une stratégie de réduction de la vulnérabilité aux risques d’inondation et de coulées d’eaux boueuses a été adoptée, assortie d’un plan d’action dédié. Les îlots de chaleur et les prescriptions pour les limiter ont été caractérisées (étude Météo France - Universite - Icube). Le territoire et la collectivité misent très largement sur les solutions fondées sur la nature tant sur l’espace public que prive avec le soutien de l’agence de l’eau Rhin Meuse via le contrat territorial eau climat. L’accompagnement des co-proprietés, le projet Espex, les plantations d’arbres d’alignement, l’infiltration des eaux pluviales au plus proche de la ou elles tombent en sont des exemples. Les modalités de déploiement du zéro artificialisation nette (ZAN) sont étudiées afin de les traduire localement. Cette stratégie implique de modifier très en amont la façon de concevoir des projets sur les espaces publics et prives, pour rendre la ville plus fraiche et plus perméable, le levier de la planification est ainsi renforcé notamment via le plan local d'urbanisme (PLUi)
Au-delà de ces aspects, deux enjeux majeurs trouvent également toute leur place dans cet axe, l’enjeu de santé environnementale et celui de la préservation et de la reconquête de la biodiversité. L’adoption du troisième Contrat local de Sante permet de renforcer le déploiement d’études en sante en lien avec l’évolution climatique (gestion intégrée du moustique tigre et lutte contre les espèces invasives). Concernant la biodiversité, la charte Tous Unis pour plus de biodiversité a été révisée en 2022 avec déjà plus de 90 signataires ré-engagés, un atlas de la biodiversité intercommunal a été élaboré et les sciences participatives renforcées.

L'adaptation au changement climatique à Strasbourg

Strasbourg affirme clairement son ambition en mettant l'adaptation au changement climatique au cœur de ses préoccupations et en s’appuyant massivement sur les solutions fondées sur la nature. L’axe 2 de son plan climat ‘Strasbourg, ville résiliente, qui place la nature au cœur de sa politique d'adaptation au changement climatique’ permet d’aborder les différents enjeux de l’adaptation du territoire et les solutions apportées.
La Ville renforce la construction d'un territoire résilient face aux aléas climatiques en repensant son urbanisme et en proposant des services de mobilité renouvelés, favorisant ainsi la transition climatique et la promotion de la santé. Strasbourg mise sur les écosystèmes naturels pour accroître ses capacités d'adaptation et sa résilience, tout en adoptant une politique intégrée de préservation de la biodiversité. Elle s'engage précisément à atteindre le concept de « zéro artificialisation nette » et à améliorer le bien-être des citoyen·nes, en veillant notamment à garantir un accès équitable à des espaces végétalisés (voir Plan Canopée), à créer des îlots de fraîcheur et à transformer la ceinture verte en un véritable bouclier végétal et permettant d’apporter des réponses au phénomène d’îlots de chaleur urbain. Depuis 2021 la Ville s'est engagée dans la transition climatique en privilégiant les solutions fondées sur la nature pour accroître ses capacités d'adaptation et en adoptant une politique intégrée de préservation de la biodiversité.
En parfaite cohérence avec la notion d'adaptation juste mise en avant à l’échelle européenne, la ville de Strasbourg a signé la charte d’adaptation proposée par l’UE et déploie une politique qui vise l'équité et la soutenabilité des mesures d'adaptation. L'implication des acteurs locaux et des citoyen·nes est au cœur de cette démarche, en s'appuyant sur des missions créées par l'Union Européenne pour générer des solutions novatrices et des initiatives favorisant la transversalité et la co- construction. Il s’agit donc d’une approche participative, qui place la collectivité et la citoyenneté au cœur de la lutte contre le changement climatique.

Des démarches et projets structurants pour adapter le territoire sur une trajectoire à +4°C

Face aux défis liés au changement climatique, une action urgente et collective est nécessaire de l’ensemble de partie prenantes du territoire alignée sur la nouvelle trajectoire +4°C.
Pour y répondre, la Ville et l’Eurométropole de Strasbourg se sont ainsi engagées au sein du programme « Territoires adaptés à + 4°C » conduit par le Cerema. Ce projet permettra, sur une durée de 18 mois, de bénéficier d’un appui méthodologique et technique personnalisé, tenant compte des spécificités et vulnérabilités locales, afin d’accélérer la conception et le déploiement de mesures d’adaptation territoriales.
Le financement des actions d’adaptation est central. C’est d’ailleurs une des conclusions du rapport annuel de la Cour des comptes et du rapport de la Chambre Régionale des Comptes soulignant la nécessité de mieux chiffrer le coût (financier et humain) des mesures déployées relativement à l’adaptation au changement climatique. Dans son rapport, la Chambre insiste sur l’engagement significatif dont l’Eurométropole de Strasbourg fait preuve via une stratégie d’adaptation renforcée par la complémentarité du plan « climat » adopté par la ville de Strasbourg.
L’Eurométropole est ainsi partenaire, en lien avec l’agence du climat du projet européen ClimateFit, visant à mobiliser et à améliorer l’articulation des financements publics et privés destinés à l’adaptation au changement climatique sur le territoire européen. Celui-ci vise à renforcer la collaboration avec l’ensemble des parties prenantes du territoire, telles que les entreprises, les banques et les compagnies d'assurance, afin d'établir un budget pour les coûts d'adaptation et d'identifier des options de financement.
Les autorités locales soutiennent activement la création de l'Agence du climat, une institution aux missions volontairement élargies, qui intègre des missions liées à l'adaptation du territoire aux enjeux environnementaux. Plaçant la végétalisation, la mobilité décarbonée, la rénovation énergétique de l’habitat et les énergies renouvelables au cœur de son action, l'Agence contribue à créer un environnement plus sain et résilient, pour les collectivités comme pour les particuliers. Elle est par ailleurs partenaire du projet européen Interreg Climability Care, porté par l’INSA de Strasbourg qui vise à préparer les entreprises du Rhin supérieur aux conséquences des changements climatiques.

Le réchauffement atteint aujourd'hui : 

  • + 2°C à Strasbourg par rapport à la période 1961 - 1990
  • + 1,7°C en France par rapport à la période 1961 - 1990 
  • +1,26°C dans le monde par rapport à l'ère préindustrielle
  • 67%

    de la population eurométropolitaine concernée par un îlot de chaleur urbain d'intensité 4 lors d'un été caniculaire 

  • 14 000

    habitations exposées à au moins un aléa

Source : Ville et Eurométropole de Strasbourg

Gérer l'inévitable, éviter l'ingérable

Filippo Giorgi, climatologue italien

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