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Cécile c’est Cécile Laporte. Elle a mille vies. Écologiste, porno-activiste, spécialiste en psychotropes thérapeutiques, porte-parole des mouvements de squat en France, clown en hôpital ou défenseuse des droits de personnes réfugiées, Cécile mène ses combats, en autodidacte, avec fougue. Sans filtre et pleine d’autodérision, elle nous livre ses aventures, ses souvenirs et ses batailles dans une performancevérité où elle accepte de jouer son propre rôle. Grâce à la mise en scène de Marion Duval et à la générosité de sa conteuse hors pair, Cécile provoque chez le public « le trouble de vivre quelque chose d’imprévu, d’imprévisible ». Une rencontre jouissive où s’inventent de nouveaux mondes et de nouvelles alliances capables de changer nos vies. Merci Cécile.

Mêlant théâtre, images filmées, musique, danse et chant, Los días afuera – les jours dehors – fait une place aux récits de celles et ceux qui hier encore étaient relégué·es au plus bas de l’échelle sociale. Le spectacle est né de l’immersion pendant plusieurs mois de la metteuse en scène Lola Arias dans une prison de Buenos Aires au sein d’un groupe de 14 femmes et personnes transgenres. Jocelyn, Nacho, Estefania, Noelia, Carla, Paula ont tous·tes été marqué·es par le trafic de drogue et la prison en Argentine. Désormais libres, iels sont aide-soignante pour personnes âgées, chauffeur, barmaid, travailleuse du sexe, danseuse de voguing et acteur·rices de leur propre comédie musicale rock.
Un vent de liberté souffle sur le TnS.

And Here I am est le geste de résistance d’Ahmed Tobasi, acteur palestinien et directeur artistique du Freedom Theatre du camp de Jénine en Cisjordanie. Né dans ce même camp, passé par la lutte armée, la prison, l’exil en Norvège, il a finalement choisi le théâtre plutôt que le front pour « rester en vie » et raconter les histoires de son peuple, aussi longtemps que possible. Revisité par l’auteur Hassan Abdulrazzak, Ahmed Tobasi incarne son propre rôle dans cette comédie politique qui donne à voir les luttes, les contradictions et les espoirs d'une jeunesse palestinienne en quête de liberté. Loin des clichés et des images toutes faites, c’est la recherche de la vraie vie qui est en jeu, le droit à prendre la parole et à se choisir un avenir.  

À Londres, une jeune femme allemande observe le crâne dégarni du Dr Seligman en train de l’ausculter. Exilée dans son corps, exilée au Royaume-Uni, elle entreprend de raconter sa transition et de conjurer le silence grâce au rire. C’est le point de départ explosif du Rendez-vous, adaptation du roman de Katharina Volckmer dont Camille Cottin a décidé de s’emparer pour la scène. Plongé·es dans un monologue dont on jubile qu’il ne soit pas resté intérieur, on progresse dans le flux de conscience de cette patiente qui déverse ses fantasmes et ses obsessions : sa fascination pour un créateur japonais de sex-toys, les séances avec son psy Jason, des écureuils comestibles, le pyjama du Führer, une mère envahissante… Le texte flirte avec toutes les lignes rouges de notre société pour explorer la culpabilité allemande, la question du genre, l’asservissement de nos corps et le danger des tabous érigés en barrières morales.

Marvin M’toumo crée des vêtements pour la mode et des costumes pour le spectacle vivant, écrit, performe, collabore avec la maison Jean-Paul Gaultier, fonde sa marque quasi en même temps que sa compagnie, décloisonne les arts et décolonise les esprits. Ses spectacles bouleversent les codes de la création artistique et échappent à toute tentative de définition. Dans Rectum Crocodile, comme dans un conte, les personnages sont convoqués par la voix d’un petit garçon aux airs innocents pour raconter leurs destins et leurs amours au sein d’une plantation de coton. Panthère, oiseaux, mulâtresse, diablesse ou cocotier, iels semblent tout droit sorti·es d’un carnaval caribéen. Mais est-ce seulement pour nous divertir ? Car les corps, les voix et les parures qui se donnent à voir brillent plutôt comme une revanche, une puissante décharge contre l’esclavagisme, la masculinité blanche et nos imaginaires coloniaux.

La vérité, c’est celle qu’on exige de Atem, 5 ans, lui qui est incapable de se repérer dans l’espace et le temps. C’est la vérité aussi que demande Céline malgré l’omerta qui court jusqu’au douzième anniversaire de sa sœur aînée. Gerçeği istiyorum – je veux la vérité – lit le petit Kahil dans les yeux de son père lorsqu’il lui demande de traduire en turc la lettre écrite dans une langue qu’il ne comprend pas. La vérité, on l’ordonne ou on la retire, elle peut abîmer le cœur, provoquer des incendies dans un pays sans arbre. Elle est la flamme autour de laquelle gravite la nouvelle création de Caroline Guiela Nguyen écrite en forme de contes à partir d’entretiens menés auprès de celles et ceux qui s’occupent de nos enfants.

À Marseille, Marius travaille dans la boulangerie de son père César. Les affaires vont mal, et Marius rêve d’ailleurs. Partagé entre son envie de prendre le large et son amour pour Fanny, une amie d’enfance, le jeune homme doute : faut-il tout quitter au risque de tout perdre ? Rester pour épouser la vie qui lui est destinée et honorer son devoir de fils ? Pour créer cette adaptation de la première pièce de la Trilogie marseillaise, Joël Pommerat a partagé les mots de Pagnol avec des détenus de la Maison centrale d’Arles, hors des sentiers battus du théâtre. Une aventure artistique et humaine qui les a menés à la création d’une troupe d’acteur·rices qui porte l’histoire de Marius et ses enjeux avec une vérité saisissante.

Amir n’a jamais su qui était son père. Il apprend un jour que ses origines prennent probablement racine dans le nord de Strasbourg. Sa compagne, Léa, lance une enquête théâtrale pour l’aider. Ensemble, iels partent à la rencontre de l’enfance de personnes qui ont aujourd’hui entre 60 et 95 ans, plongent dans le paysage de cette ville, à la recherche des enfances perdues et des premiers amours. Une histoire écrite par Claire Lasne Darcueil née de son immersion au plus près des mémoires de Strasbourgeoises et de Strasbourgeois. Une création collective rassemblant au plateau l’acteur Salif Cissé, des comédien·nes non-professionnel·les et un choeur dansant d’habitant·es mu·es par le même désir de raconter à plusieurs, à égalité.

Mascarade où se montrent celles et ceux que le monde cache, sérénades qui invitent dans la danse celles et ceux dont personne ne veut, Les Indésirables est une fable où viennent témoigner en fanfare des figures rejetées. Étranger·ères, animaux nuisibles, intouchables, parias, marginaux, mal -aimé·es, enfants déshérités, femmes répudiées, sorcières, créatures magiques d’univers interdits et tous·tes celles et ceux qu'on traite comme des corps étrangers à nos cœurs, à nos nations, à nos mondes, sont ici magnifié·es et mis·es au centre dans un grand plaidoyer à la fois romantique et politique. Pour sa nouvelle création, Marvin M'toumo – artiste aux multiples facettes qui chacune convoque la mode, l’écriture, la performance, le théâtre et la musique – rassemble tous les talents du Groupe 48 et signe leur spectacle d'entrée dans la vie professionnelle. Sa nouvelle mise en scène, qui poursuit le voyage déjà entamé avec Concours de larmes et Rectum Crocodile présenté début avril au TnS, contient la promesse d'une expérience puissante taillée sur mesure pour l'ensemble des artistes formé·es pendant trois ans à l'École du TnS.