Ainaz Nosrat

Votre parcours artistique ?

Mon père est peintre. Quand j’avais six ans j’ai décidé d’être peintre. Depuis ma vie est devenu la chair qui entoure le noyau de mon intérêt : peindre. Cette action est le centre de mon existence ainsi que le centre de mon rapport aux autres. Elle est l’enveloppe d’une mythologie dont aujourd’hui je ne me souviens plus exactement l’origine. C’est pour la peinture que je suis en train d’écrire ces mots, c’est d’elle et pour elle que je rêve. Désirer l’action de peindre, désirer l’odeur de l’huile, de la térébenthine, désirer le pinceau, la couleur ; c’est l’essence de mon rêve de la peinture. Elle est une apparence qui en elle-même provoque une distanciation. Une distance nait entre ce qu’en peignant je sens et ce qui à travers cette sensation jaillit ; les formes, les traces, les mythes qui apparaissent en dehors du moi.

 

 

 

Pourquoi avoir choisi cette œuvre ?

Quand je peins, je cherche les fragments du mythe de mon être, je cherche à pointer mon véritable désir. Je me retrouve dans des personnages, dans chaque forme, dans chaque couleur, dans chaque histoire. Ce sont les reflets d’un monologue interne et continu. Je pense avec mon pinceau. Je cherche à me raconter et à vous raconter une histoire sans départ ni fin. J’exploite mon désir et je tente de vous donner l’envie de l’exploiter "le désir". Je cherche ce qui touche à l’intime, ce qui fait émerger des émotions. Cette sensation d’être figé, presque piégé devant une image. Cette sensation d’être dans le maintenant et l’ici. Pour sentir et pour ressentir. Cette peinture appartient à une série de peintures et elle est représentative de ma démarche artistique.

 

Pourquoi le Bastion 14 ?

J’étais en recherche d’un atelier pour développer ma pratique de peinture dans un cadre propice et favorable. J’apprécie énormément les échanges intellectuels et artistiques avec d’autres artistes qui travaillent au Bastion 14. Quand j’ai présenté ma candidature, j’étais en dernière année de thèse en arts visuels disposant de faibles moyens financiers. J’ai décidé donc de tenter ma chance.

 

Photos : © Christophe Urbain