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Anna Voreux

Anna Voreux : Écrins 1 (2020). Crayon noir et pierre noire sur papier. Dimensions : 35 cm x 33,2 cm.

Portrait d'Anna Voreux par Christophe Urbain

Votre parcours artistique ?

Question difficile. L’art a toujours été présent dans ma vie et mon éducation. Mon premier souvenir face à une oeuvre d’art remonte à mes cinq ans face au Coq de Brancusi au Centre Pompidou. Oeuvre qui a laissé et produit en moi une très forte impression. Le bronze poli, le reflet et cet élan qui me dominait. J’étais fascinée. J’avais d’ailleurs déclenché l’alarme en touchant une Colonne sans fin.

C’est une accumulation, une succession de rencontres, d’expériences et de circonstances qui m’ont mise face au choix de devenir artiste. Dans le cadre de mes études, cela semblait être momentanément acquis et la question du "pourquoi ?" ne se posait pas. Aujourd’hui, avec le recul, je pense que c’était avant tout une envie passionnée de me confronter et de comprendre les matières, d’interagir avec le vivant et de jouer avec ma perception du réel. Mon but a toujours été le partage. Montrer et rendre sensible, activer et associer de l’existant afin d’amorcer un nouvel état de conscience chez le regardeur.

 

Pemphigus spyrothecae, un puceron sculptant pour sa survieAnna Voreux

 

Pourquoi avoir choisi cette œuvre ?

Anna Voreux : Ecrins 1 (2020)

Écrins 1 est une série de dessins. Elle est représentative de mon travail puisqu’elle est le résultat d’une succession d’étapes qui constitue mon processus de création : observation, réception, saisie, récolte, recherches, réflexions, décantation, révélation, transformation. 
Il s’agit de dessins en noir sur papier blanc, qui sont, avec le rouge, les principales couleurs présentes dans mon travail. 
Les galles sont agrandies et dissociées de leur tige. Il m’est important de montrer le sujet transformé et isolé afin de déclencher chez le regardeur une sensation, un questionnement ou une référence à son propre vécu. Pour certains, les galles deviennent organes ou bien roches ou encore souches.
Enfin, cette série s’inscrit dans des sujets qui me sont chers : ce qui reste, le déchet, les associations vie/mort, attirance/répulsion, l’évolution permanente de toute chose, la perfection de la nature.
Elle est le résultat de cette poésie du réel, au sens grec de poiein "fabriquer, produire, créer", qui est la base de mon travail.

 

Pourquoi le Bastion 14 ?

Cinq ans après mon diplôme, le besoin d’un atelier se faisait pressant. J’imaginais un lieu dédié uniquement à la création, à l’expérimentation, au "faire" ; voir enfin se concrétiser des projets ruminés depuis longtemps tout en menant une réflexion nouvelle. J’étais prête à recevoir les influences que la mise à disposition d’un tel espace aurait sur mon processus de travail. Ce serait à la fois rattraper un retard et accepter de vivre une nouvelle impulsion.

Ce bâtiment m’a toujours intriguée de par son architecture militaire, masse de pierre et de béton posée contre la terre. Une analogie avec la ruche me semble appropriée : une grande porte centrale qui rythme les mouvements d’entrée et de sortie, chaque artiste "spécialisé" dans sa création travaillant dans des alvéoles, apportant une forme de matière première qui sera transformée à l’intérieur. 

 

Et pour vous suivre ?

 

Photos : © Christophe Urbain