Les forêts rhénanes strasbourgeoises

Fil d'Ariane

La ville de Strasbourg a le privilège de posséder, à quelques kilomètres du centre-ville, un patrimoine forestier d'exception : la forêt rhénane. Il doit être protégé et respecté.

Une brève histoire des forêts rhénanes

Par le passé, les forêts rhénanes étaient régulièrement inondées par le Rhin. Il déposait de nouvelles alluvions et arrachait ici et là quelques pans de forêt. Aussitôt les eaux redescendues, les espaces laissés libres étaient colonisés par des nouveaux peuplements d'arbres et de lianes. Les végétaux n'avaient pas de réels facteurs limitants : en été, ils pouvaient puiser leur eau et les nutriments dans la nappe phréatique.

Ils disposaient donc au même moment de chaleur, d'humidité, d'un ensoleillement maximum et des limons riches apportés par les crues entraînant une explosion de la végétation. Cette forêt alluviale est d'ailleurs appelée "forêt galerie" à cause de la densité de la strate arbustive et de la présence de nombreuses lianes.

L'exploitation forestière gérée depuis le XVIème siècle et plus intensément depuis la fin du XIXème siècle, mise en parallèle à des grands travaux de régularisation et de canalisation du Rhin menés jusqu'au milieu du XXème siècle, ont mis à mal cet exceptionnel milieu naturel. La dynamique fluviale naturelle a disparu et les forêts ont cessé de bénéficier d'inondations régulières.

Les aménagements successifs du Rhin, l'urbanisation et l'agriculture ont réduit en un siècle de près de moitié la superficie totale de ces forêts, entraînant une forte diminution de sa richesse aussi bien en espèces animales que végétales.

Où les trouver à Strasbourg ?

Les forêts rhénanes de Strasbourg se répartissent en trois massifs :

  • la forêt de la Robertsau, au Nord de la ville, couvre 493 ha, en voie de classement en réserve naturelle
  • la forêt du Neuhof, au sud de la ville, couvre 757 ha. Elle est classée en réserve naturelle national avec le massif limitrophe d'Illkirch-Graffenstaden depuis 2012.
  • l'île du Rohrschollen, située au sud de la ville entre le canal d'Alsace et le Vieux Rhin, est classée en réserve naturelle depuis mars 1997. Elle a une superficie de 309 ha, dont 157 ha de forêts.

La forêt de la Robertsau

Cette forêt est propriété de la ville depuis son indépendance au XIIIème siècle. Elle occupe une partie de l'ancien lit majeur du Rhin. D'anciens chenaux du Rhin la parcourent, ainsi que des cours d'eau phréatiques dont certains ont été restaurés depuis 1984.

On y compte un grand nombre de plans d'eau, ainsi que des dépressions qu'occupent les crues des eaux phréatiques, quelques mois par an. Son altitude varie de 131,5 à 136 m. Depuis la canalisation du Rhin, en 1970, la forêt a perdu l'effet bénéfique des crues du fleuve.

La forêt du Neuhof

La forêt du Neuhof fut acquise par la ville au XVIème siècle. Pratiquement sans relief, son altitude varie de 141 à 143 m. Deux cours d'eau y circulent, le Rhin Tortu et le Schwarzwasser, ainsi que deux ruisseaux. Un plan d'eau artificiel existe à l'extrême sud. La forêt ne subit plus les crues du Rhin depuis la construction du canal d'Alsace dans les années 60.

La forêt de l'île du Rohrschollen

Situé à 10 km du centre historique de Strasbourg, le Rohrschollen est une île artificielle séparant le Rhin canalisé à l'ouest du Vieux Rhin à l'est qui forme la frontière avec l'Allemagne. Faisant autrefois partie de la forêt du Neuhof, elle a été créée en 1970, suite à la mise en place de l'usine hydroélectrique de Strasbourg et à la construction du canal de dérivation qui l'alimente. L'île s'étend sur une longueur de 6,5 km environ pour une largeur variable allant jusqu'à 750 m. Son altitude est comprise entre 140,5 et 143 m.
En amont (au sud de l'île), un barrage situé sur le Vieux Rhin a pour fonction de dévier l'eau vers le bief d'amenée à la chute hydroélectrique. Au nord de l'île, un barrage dit agricole a été construit en 1984 sur le Vieux Rhin, conçu dans le double but de soutien de la nappe phréatique en période normale et d'écrêtement des crues importantes du Rhin.
En application d'une convention intergouvernementale de 1982 relative à la protection contre les crues du Rhin, le seuil du barrage agricole peut provoquer une montée des eaux du Vieux Rhin pouvant atteindre près de 6 m, avec dans ce cas de figure pour conséquence une submersion quasi-totale de l'île.
La réserve naturelle est traversée dans toute sa longueur par le Bauerngrundwasser. Cet ancien bras sinueux du Rhin est représentatif des "Giessen", qui recueillent les eaux du Rhin en crue (en été). En revanche, en période d'étiage, ils sont alimentés par les eaux claires de la nappe. On constate également la présence de bras morts du Bauerngrundwasser et un total de 10 mares.
Aujourd'hui, le Bauerngrundwasser en eau redonne un aspect naturel et sauvage à la forêt. Mais il n'est plus vraiment un "Giessen" car il n'existe plus de crues régulières sur le Rhin. Le milieu naturel tend à s'assécher, entraînant une transformation des habitats alluviaux. Le Bauerngrundwasser a perdu tout dynamisme et son débit n'est pas suffisant pour évacuer la vase qui asphyxie le fond et rend ce cours d'eau particulièrement eutrophe.

Orientations de gestion

Dans les massifs forestiers du Rohrschollen et du Neuhof, classés en réserve naturelle ou en phase de le devenir, les interventions se limitent actuellement aux coupes sécuritaires et ne font donc pas l'objet de programme de coupe régulier. Le plan d'aménagement du massif du Rohrschollen est en cours de validation dans le cadre du nouveau plan de gestion de la réserve naturelle. Celui du Neuhof sera réalisé dès que ce massif sera classé.
Pour le massif de la Robertsau, un plan d'aménagement demande à être réalisé. L'objectif est de garantir, sur le long terme, un fonctionnement de l'écosystème en équilibre dynamique avec son environnement, capable d'évoluer et de s'adapter naturellement.

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