La Fondation de l'Œuvre Notre-Dame reconnue au patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO
La Fondation de l'Œuvre Notre-Dame reconnue au patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO
Fil d'Ariane
Le 17 décembre 2020, le Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel a intégré sur son Registre des bonnes pratiques de sauvegarde les techniques artisanales et les pratiques coutumières des ateliers de cathédrales (ou Bauhütten) en Europe : savoir-faire, transmission, développement des savoirs et innovation.
Contexte de la candidature
Engagée à Strasbourg par la Fondation de l’Œuvre Notre-Dame en 2015, la candidature a progressivement évolué pour conduire dix-huit ateliers de cathédrales et de grandes églises d'Allemagne, d'Autriche, de France, de Norvège, et de Suisse à s’unir, dans l’espoir de voir inscrire leurs pratiques, modes de fonctionnement et d’organisation sur le Registre des bonnes pratiques de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO. Ces institutions ont la caractéristique commune d’être associées chacune à un monument spécifique de manière permanente et exclusive. Elles ont la vocation d’y conduire et mettre en œuvre les opérations d’entretien, de conservation et de restauration nécessaires à leur préservation. Les riches bases documentaires constituées et conservées grâce à cette exclusivité et cette continuité constituent un marqueur fort du haut niveau des connaissances et des compétences présentes dans ces structures.
La candidature conjointe a été présentée par les ateliers d’Aix-la-Chapelle, Bamberg, Bâle, Dresde, Fribourg-en-Brisgau, Cologne, Linz, Lübeck, Mayence, Passau, Ratisbonne, Schwäbisch-Gmünd, Soest, Strasbourg, Trondheim, Ulm, Vienne et Xanten. Les critères de reconnaissance de l'UNESCO en tant qu’exemple de bonnes pratiques comprennent une vitalité vérifiable du réseau, une identification de communautés humaines à l’élément, le développement et la transmission de mesures de conservation et de gestion qui peuvent être qualifiées d’exemplaires et transposables sur d’autres édifices ou sites ainsi que leur coopération au-delà des frontières riche de brassages culturels.
Enjeux de la candidature
Cette candidature conjointe a pour ambition de promouvoir les pratiques artisanales héritées du Moyen Âge, transmises de génération en génération et enrichies par l’intégration raisonnée des évolutions techniques, scientifiques et sociales. Ce réseau dynamique et vivant réunit les ateliers qui se tiennent au chevet de leurs édifices pour veiller à leur entretien, les conserver et les restaurer. Les enjeux de la candidature sont avant tout de rendre visible ce réseau auprès du public, notamment jeune, et de pérenniser ainsi la pratique professionnelle traditionnelle tout en questionnant son rapport aux technologies de notre temps. Cette reconnaissance au titre de patrimoine culturel immatériel renvoie à des questionnements d’actualité tant la relation passé-présent-futur et l’articulation immatériel-matériel sont présentes.
Faire vivre le patrimoine culturel immatériel
La transmission des savoirs et savoir-faire s’effectue au sein des ateliers, d’artisan à artisan ou à compagnon de passage mais également de maître d’apprentissage à apprenti. L’importante documentation collectée et conservée dans chaque atelier est déterminante pour la transmission des connaissances et constitue leur premier outil de travail. Ces riches collections documentaires, comme les pratiques exercées sont l’objet de partenariats de recherche universitaire pour assurer leur valorisation et leur diffusion.
Un des autres axes de la transmission est d’aller à la rencontre des publics lors d’accueils de groupes, de classes scolaires ou à l’occasion de journées portes-ouvertes et d’autres manifestations publiques. L’enrichissement du savoir s’opère aussi au sein même du réseau dans le cadre d’échanges professionnels, de formations communes ou de colloques annuels. Les pratiques sont en constante réinvention et l’apport des nouvelles technologies est un facteur d’enrichissement dans un cadre respectueux des valeurs traditionnelles. Les ateliers s’en emparent donc sans renier leurs traditions, les font évoluer dans le sens d’une pratique raisonnée et en accord avec le développement durable et l’éthique de la conservation-restauration. La numérisation de la documentation permet une meilleure conservation, un accès plus aisé à tous les publics ainsi qu'à la recherche.
La promotion du patrimoine culturel immatériel se concrétise sous différentes formes par :
- la communication locale en direction des populations attachées, ou non, à leur monument ;
- la communication régionale, nationale et internationale car les centres de formation sont répartis sur un vaste territoire ;
- une présence sur les réseaux sociaux ou les sites internet ;
- la médiation culturelle en partenariat avec les autres institutions du territoire telles que les musées, les médiathèques, les archives ou encore des associations ou le monde de l’éducation ;
- des sollicitations presse tant ces institutions sont attractives et suscitent la curiosité et l’envie de partager.
Genèse du projet de candidature
- En 2015, la Fondation de l’Œuvre Notre-Dame de Strasbourg initie un projet de candidature en vue de son inscription sur l’Inventaire du patrimoine culturel et immatériel français. Elle y figure depuis juin 2017.
- En Allemagne, c’est l’atelier de l’église d’Ulm qui entreprend une démarche similaire, tout d’abord seule puis rejointe par les ateliers de Cologne et de Fribourg-en-Brisgau. Finalement, treize institutions s'associent pour aboutir à une candidature conjointe sur l'Inventaire national allemand du patrimoine culturel immatériel en 2018.
- Une nouvelle étape est franchie en septembre 2017, lors du colloque de l’association des architectes et responsables d’ateliers de cathédrales d’Europe, lorsque la "Déclaration d'Erfurt" ouvre la voie vers une candidature internationale conjointe et unique. L’Autriche, la Norvège et la Suisse rejoignent la France et l’Allemagne.
Le Registre des bonnes pratiques de sauvegarde s’est naturellement imposé parmi les trois listes existantes, car ces pratiques ont fait la preuve de leur pertinence et de leur efficacité au point de faire référence et de pouvoir servir de modèles transposables ailleurs, sur d’autres continents ou d’autres édifices. S’appuyant sur les expériences strasbourgeoises et allemandes, les porteurs du projet ont su monter le dossier de candidature en un temps très court. La commission française du patrimoine culturel immatériel a approuvé le dossier dès février 2019 et, dans la foulée, la France, pays porteur pour le compte du groupement international, l’a déposé à l’UNESCO le 21 mars 2019 en vue d’une acceptation possible dans le cadre de son cycle d’examen 2020.
Cette inscription a une très forte valeur de reconnaissance pour le fonctionnement du réseau des ateliers de cathédrales en Europe. Pour autant elle ne marque pas l’aboutissement d’un processus, mais bel et bien une étape clé dans l’histoire des ateliers. Reconnues d’intérêt primordial pour les édifices auxquels elles sont dévouées, ces institutions ont vocation à perdurer et à s’adapter à leur environnement, comme elles l’ont démontré depuis le Moyen Âge.
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