Julien Mathis

Votre parcours artistique ?

Journal de bord (Noël 2020) : Les transmissions m'ont amené ici et maintenant à poursuivre la navigation dans cette époque où l'imprécis, et dorénavant le champ épidémique du non-essentiel, résistent encore à une dystopie fantasmée. 
Transmission d'une famille paisible et des aïeux connus : enseignant(e), historien, explorateur, cuisinière et guérisseur.
Transmission d'un apprentissage entre le cru, le cuit et le pourri.
Transmission des Humanités par l'anthropologie sociale et culturelle, et la fabrique du Cinéma documentaire.
Transmission des compagnons de cordée, pour apprivoiser les machines faites d'os mécaniques et cérébraux, les réparer (essentiel me direz-vous) et, comme le surcyclage et le Libre nous y invitent, de "chevaucher le Golem", pour la défense et le souvenir de notre espèce.
La chance d'avoir écouté et vu (par le corps) différents passeurs du savoir, du savoir-faire et du faire-savoir. Les citer générerait de l'oubli. Ils se reconnaîtront.
Artiste ? Plutôt bricoleur romanesque. Sortir de Chauvet et se rendre à Sans Soleil.

 

 

Pourquoi avoir choisi cette œuvre ?

J'ai choisi un travail récent, représentatif de mes dernières expériences, avec l'ami, co-bricoleur, artiste et enseignant, Olivier Chatté, et co-produit par l'association KinoStub.
RVB est une installation pour rendre hommage au tube cathodique, au format 4:3, et aux trois couleurs, Rouge Vert et Bleu, qui composent l'image vidéo, véritables briques fondamentales de perception. Ce projet était à l'origine sur un seul moniteur cathodique, présenté en 2015 à l'exposition Ateliers nomades à Plzeň en République tchèque, portée par le Dr Claude Klein et l'association AEDEC. L'œuvre a évolué vers une installation composée de 3 moniteurs, branchés sur 3 sources synchrones, pour former ce qu'on appelle un mur vidéo (Video Wall). La matière vidéo a elle aussi évolué, entre composition (compositing) et traitement d'images d'archives (images libres d'Archive.org entre autres).
Un tremplin, aussi, vers une œuvre future : l'installation Prométhée vidéo.

 

Pourquoi le Bastion 14 ?

Strasbourgeois d’origine, j'ai considéré ce dispositif municipal qu’est le Bastion XIV, ce lieu d'émergences, traversé depuis 2003 par moult personnes, métiers, talents. Les fantômes de ces vieilles pierres en témoigneront. Des moments de partage, de fêtes aussi, comme avec l'événement régional des Ateliers ouverts (21 ans déjà).
En 2019, trop tard sans doute, j'ai pu sortir de mon antre anthropo-technologique, et rejoindre ce plateau technique, véritable feuille blanche dans cette ancienne fortification. Ces quelques saisons m'ont apporté de quoi écrire un nouveau chapitre dans ma pratique. Plus particulièrement le champ de l'art vidéo et de sculptures technologiques. Je quitte le lieu en milieu d'année 2021 pour différentes raisons personnelles, professionnelles et associatives. La crise épidémique est passée par là, et a causé des dommages que j'essaie de surmonter aujourd'hui.
Fragile est la discipline des Arts, mais ô combien nécessaire, essentielle, faut-il le répéter encore, pour rappeler qu'un autre monde est (toujours) possible.

 

Et pour vous suivre ?

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Photos : © Christophe Urbain